vendredi 28 octobre 2016

ALCINE46 - Courts métrages en français

Le vendredi 4 novembre, nous nous déplaçons à Alcalá pour notre rendez-vous annuel avec ALCINE, le Festival de Cine de Alcalá de Henares, qui nous invite à voir les courts métrages francophones de sa section "Idiomas en corto".
Pour la première fois, notre séance sera matinale et aura lieu à 11h30, dans le Teatro Salón Cervantes, comme d'habitude. La séance vespérale du lundi 7 a été annulée.
Au programme...

1) LES PIONNIERS  

Écrit et réalisé par Gaby Ohayon. Production de Liza Benguigui (2016). Fiction. Durée : 9'. Avec Lounes Belaïdi, Jonathan Cohen et Camille Loubens. Musique : Ben Osmon, Guillaume de La Chapelle.

SYNOPSIS :
Zyto et Momo, onze ans, font connaissance dans les toilettes d’un collège privé. Leur point commun : ils sont tous les deux circoncis. Alors que Momo l’assume complètement, Zyto appréhende cette différence comme un frein pour s’intégrer. Momo échafaude alors un plan quelque peu farfelu pour aider son ami à en finir avec son blocage.

Pour en savoir plus.

2) NOT K.O.

Fiction réalisée par Xavier Sirven. Durée : 20'. Production: Barney Production, 2016. Scénario: Xavier Sirven, Julie Debiton, Bojina Panayotova. Avec : Coline Beal (Polly), Juliette Lamet (Joanne), Sarah Jomain (Sara)...

SYNOPSIS :
Quand Polly apprend que Joanne va quitter le camping où elles ont passé l’été ensemble, elle use de tous les moyens pour faire comprendre à son amie combien elle tient à elle.

ARTE nous fournit certains détails :
Polly travaille comme caissière dans le garage de son père, dans un lieu de villégiature en bord de mer. Au camping du coin, elle a fait la connaissance de Joanne avec qui elle a passé l’été. Cette dernière lui annonce sèchement qu’elle va rentrer chez elle à Marseille. Polly refuse d’accepter ce départ sans rien dire. Elle est prête à tout tenter pour faire exister une relation qui n’était que sous-entendus.
Né en 1980, Xavier Sirven effectue des études d’ingénieur à l’Université de technologie de Compiègne. Il travaille ensuite à l’IRCAM (Institut de recherche et coordination acoustique/musique) puis au Centre Pompidou. Parallèlement à ces activités, il poursuit un travail d’acteur entamé avec une compagnie de recherche théâtrale. En 2007, il intègre le département montage de la Fémis dont il sort diplômé en juin 2011. Not K.O. est son deuxième court-métrage réalisé depuis la fin de ses études.



3) ROCAMBOLESQUE

Réalisé par Loïc Nikoloff, en 2016. Comédie historique/aventures. Durée : 19'. Écrit par Philippe Monot, Loïc Nicoloff. Produit par Philippe Braunstein, Audrey David, Jean-François Moussié.
Avec Pierre Cachia, Amaury De Crayencour, Frédéric Gorny, Nicolas Marié, Eric Mariotto, Jean-Philippe Meyer, Philippe Ohrel, Emilie Pinponnier.
Meilleure musique de court métrage au festival Des Notes et des Toiles, édition 2016.

SYNOPSIS :
Au milieu du XIXe siècle, face à un éditeur qui refuse obstinément de l’augmenter, que peut bien faire le jeune auteur Pierre Alexis de Ponson du Terrail (1829-71)... si ce n’est mettre dans la balance le destin de Rocambole, le héros de son feuilleton quotidien ?




4) J'AI MAL OCCUPÉ MA JEUNESSE

Les résidents d'une maison de retraite furent acteurs le temps du tournage de cette comédie/portrait de 20 minutes réalisé par Anne Agüero à l’Ephad Wilson à Reims. Année : 2015. Thèmes : adolescence, jeunesse, vieillesse. Avec Monique Chaumette (Louise) , Myriam Doumenq (Marie) , Jean-Noël Martin (le prêtre) ...

SYNOPSIS :
Des cadavres de bouteilles, des corps avachis dans le salon d’une maison. Marie, vingt ans, est réveillée par le téléphone. Elle doit se rendre immédiatement au chevet de sa grand-mère. Une chambre aseptisée, des vieillards à bout de souffle. Marie n’a qu’une envie : prendre la fuite !

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5) DÉCIBELS

Réalisé par Léo Verrier. Court métrage d'animation produit en 2016 par Miyu, en co-production avec Canal +, avec le soutien de la Sacem, de la Procirep et de l’Angoa. Durée 3' 30''.

SYNOPSIS :
Un appartement parisien, un samedi soir comme les autres. Une bande de trentenaires fait la fête chez Ben, le propriétaire des lieux. Musique, alcool, boule à facettes, tout est réuni pour que la soirée batte son plein. Les invités dansent sur de la pop mainstream.
Ben, en bon hôte, veut mettre sa musique dans sa soirée. Marc veut mettre la musique qui lui permettra de se faire mousser auprès de Julie, avec qui il tente de conclure. Julie, quant à elle, veut une musique pour danser avec ses copines. Rémi veut mettre ce qu’il aime lui, et que n’aiment sûrement pas le reste des convives. David, enfin, un peu timide, aimerait bien faire écouter à la jolie Anaïs la musique qu’il a composée.
Après plusieurs approches ratées, David finit par mettre tout le monde d’accord, y compris Anaïs qui le remarque enfin, jusqu’à ce que la police arrive !!!

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vendredi 14 octobre 2016

Pierre Rabhi : école et vie, coopération ou compétition

Il y a trois jours, à la lecture de deux infos sœurs concernant la situation de l'école libérale en Espagne —dans deux média, en français et en castillan, Le Monde et eldiario.es, au sujet des devoirs scolaires et des reválidas (des examens extra, sélectifs, fixés par la LOMCE, qu'il faudrait passer après le secondaire et le bachillerato)—, je me redisais que l'ambition libérale d'avoir sous sa domination et sa surveillance toutes les instances riches en production d'idéologie, touche très directement l'École. Il est donc très compréhensible que le régime s'évertue à faire des salles de classe des espaces de capture et des mini stères (1) de l'éducation en compétitivité. Où l'on apprenne la soumission et la concurrence. La concurrence en soumission et la soumission en concurrence.

 El Roto, El País, le 10 juin 2016.
On les appelle examens, mais il s'agit de savoir si nous baissons bien la tête.

Cette transversalité des contraintes et des barrages, du conditionnement des attitudes et du bourrage de crâne, concerne toutes les matières, y compris les cours de littérature universelle ou de langues étrangères (2). Tous les journaux officiels ressassent des trucs du type :
3. Los currículos de Educación Secundaria Obligatoria y Bachillerato incorporarán elementos curriculares orientados al desarrollo y afianzamiento del espíritu emprendedor, a la adquisición de competencias para la creación y desarrollo de los diversos modelos de empresas y al fomento de la igualdad de oportunidades y del respeto al emprendedor y al empresario, así como a la ética empresarial..(BOE, Real Decreto 1105/2014, de 26 de diciembre)
La CEAPA (Confédération espagnole des associations des parents d’élèves) appelle à une double grève, et contre les reválidas (préavis posé pour le 26 octobre) et, durant tous les week-ends de novembre, de ces devoirs scolaires qui phagocytent temps, énergie et moral, et sous lesquels croulent inutilement leurs enfants. Sandrine Morel, du Monde, rapporte :
« La surcharge de devoirs est une source d’échec et d’abandon scolaire, explique José Luis Pazos, le président de la Ceapa, qui défend leur abolition pure et simple. On se rend compte qu’au fur et à mesure que les enfants avancent dans le cursus scolaire, la démotivation l’emporte sur le plaisir initial d’aller en classe et qu’ils finissent par détester l’école. De plus, les devoirs augmentent les inégalités entre ceux dont les parents ont les moyens culturels, intellectuels ou financiers pour les aider, et ceux qui ne les ont pas… »
..et rappelle que l'Espagne affiche un taux d’abandon scolaire de 20 %, alors que la moyenne européenne est de 11 %. Puis, elle relaie encore :
(...) « Pour moi c’est clair, il n’est pas question que ma fille se couche à l’heure que son professeur a décidée en la surchargeant de devoirs », affirme Helena Gomez, enseignante en Galice et maman d’une jeune fille de 15 ans qui rapporte « au minimum entre une heure et demie et deux heures de devoirs par jour. »
C’est une autre conséquence de la surcharge de travail : l’heure de coucher est retardée et les médecins du sommeil ne cessent d’alerter les parents sur les conséquences de dormir moins de dix heures par nuit, ce qui est le cas de 60 % des enfants espagnols : manque de concentration, obésité, mauvais résultats, stress et irritabilité. Selon l’Organisation mondiale de la santé (OMS), 70 % des Espagnols de 15 ans se disent « sous pression. »

« Les enfants ont besoin de jouer, de se faire des amis, de faire du sport, d’aller au musée, au cinéma…,
défend Helena Gomez. Ils n’ont même pas le temps de lire des livres, c’est dramatique. L’enfance ne se récupère pas… »
A force d’insister, elle a rallié certains collègues à sa cause, mais beaucoup d’autres « continuent de considérer prioritaire de terminer le programme. Or non seulement il est de plus en plus chargé, mais avec les coupes budgétaires, les classes sont surpeuplées et les devoirs sont utilisés pour essayer de compenser le manque de temps que les professeurs peuvent consacrer aux élèves », ajoute-t-elle.
Quand les devoirs empêchent de lire ou de vivre, au sens large, il est compréhensible que l'on réclame le droit aux loisirs, y compris à la lecture du Droit à la paresse de Paul Lafargue.

Ces bonnes nouvelles libérales m'ont poussé à récupérer un entretien avec Pierre Rabhi, du 2 novembre 2015, disponible au site Nous, Vous, Ils. Le voilà pour votre réflexion (propos recueillis par Olivier Van Caemerbèke).

« Les écoles sont devenues des manufactures dans lesquelles l'enfant est préparé à devenir ce fameux homo œconomicus qui est à l'origine des maux de la Terre. »

Pierre Rabhi
Agriculteur, écrivain et penseur, pionnier de l'agroécologie dans un entretien au site Nous, Vous, Ils, le 2 novembre.
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Pierre Rabhi rêve d’une école en rupture avec le système libéral. Entretien.
Pierre Rabhi Pierre Rabhi à Monchamps Crédit photo (c) Patrick Lazic

La France accueille la COP21. En espérez-vous quelque chose ?

Je ne peux qu’être reconnaissant aux âmes sincères qui s’investissent pour tenter de donner la place que mérite cette problématique du réchauffement climatique dans le débat public. Mais je constate que nous sommes déjà à la 21e édition de ces rencontres et je n’ai pas l’impression que des décisions à la mesure des enjeux aient été prises. Je crains aussi que la régularité de ces grands rendez-vous laisse croire, dans l’opinion collective, qu’on s’occupe du problème” et que l’on peut donc tous dormir tranquille ce qui est, bien sûr, faux.

Vous appelez à une  révolution du regard que l’humanité porte sur elle-même. Quel devrait être le rôle de l’école dans celle-ci ?

Si l’être humain ne change pas lui-même, il ne pourra changer durablement le monde dont il est le responsable. Cette aspiration devrait commencer par une modification radicale de la manière dont on éduque nos enfants. D’abord en encourageant la coopération et la solidarité plutôt que la compétition, comme c’est bien trop souvent le cas à l’école. Ensuite, en sensibilisant bien davantage l’enfant à la nature notamment en lui rappelant sans cesse que c’est à elle qu’il doit la vie. Cela n’a rien d’anecdotique : je constate à quel point les jeunes générations passent de plus en plus de temps devant toutes sortes d’écrans. Ils y sont même plongés de plus en plus tôt dans leurs existences. Cela ne sera d’ailleurs pas sans conséquence sur le développement et le fonctionnement de leur cerveau. Plongés dans un monde virtuel, ils sont plus que jamais « hors sol », éloignés de la réalité vivante. Or connaître celle-ci est le premier pas indispensable pour la respecter et la protéger. L’école devrait reconnecter l’enfant à la nature.

Votre fille a enseigné puis a créé une école Montessori. Y jouez-vous un rôle ?

Non pas directement, mais le Hameau des Buis, dans lequel est intégrée l’école, est inspiré du mouvement des « Oasis en tous lieux » dont je suis à l’initiative. (NDLR Ce mouvement se présente comme « une proposition alternative de mode de vie » basée sur l’autonomie, le partage de savoir-faire et la mutualisation de certains biens comme les voitures, l’électroménager, l’outillage…). Je crois aussi que ma fille a reçu par « infiltration » ma posture personnelle concernant notre éducation. Il se trouve que je suis en total désaccord avec la philosophie qui sous-tend l’enseignement. Notre école conditionne les enfants à devenir des adultes adaptés au système. Elle les façonne pour un monde de compétition, qui malheureusement est, en effet, le nôtre. Mais ce faisant, elle oublie bien trop souvent tout ce qui est relatif à la vie non productiviste. Les écoles sont devenues des manufactures dans lesquelles l’enfant est préparé à devenir ce fameux homo œconomicus qui est à l’origine des maux de la Terre.

C’est un constat que vous avez fait lorsque votre fille était à l’école ?

Pierre Rabhi Pierre Rabhi à Monchamps Crédit photo (c) Patrick Lazic

Non, cela date d’il y a bien plus longtemps ! Cette manière de faire entrer les enfants dans ce moule, je l’ai ressentie lorsque j’étais moi-même écolier. À l’époque déjà, nous étions « stimulés » autour d’un programme préétabli et dans lequel chaque enfant était mis en devoir de se couler. C’est toujours vrai aujourd’hui et ce ne sont pas les quelques heures dispensées sur la morale qui peuvent changer les choses.
Évidemment, je n’étais pas un bon élève car j’avais l’impression que tout ce qu’on me demandait était de devenir conforme au programme et à ce système basé sur la performance. Je m’ennuyais à mourir à l’école car on y parlait de tout… sauf de moi ! J’ai eu difficilement mon certificat d’études qui reste encore aujourd’hui le seul diplôme que je pourrais exhumer si on me le demandait.

Quel rôle devrait avoir l’école dans l’éveil des consciences que vous espérez ?

J’aspire à des écoles qui, bien sûr, prodigueraient l’enseignement conventionnel, mais qui, aussi, disposeraient d’un jardin où les enfants pourraient se relier au vivant en cultivant par eux-mêmes, en observant la nature et ses miracles permanents. J’aimerais aussi que chaque établissement dispose d’un atelier de travaux manuels, atelier qui ne contiendrait aucun outil perfectionné afin que ces jeunes découvrent le potentiel extraordinaire de leurs mains.
Changer l’école me semble essentiel pour envisager la construction d’un futur pour l’humanité, même si cela ne pourra pas nous dédouaner de ce que j’appelle la puissance de la modération. La croissance économique n’est pas un projet viable de société ni l’unique levier capable de nous apporter la prospérité. La surexploitation des ressources naturelles nous mène tout droit à des impasses sociales et écologiques. Cela a-t-il du sens de naître uniquement pour consommer et produire ? Cela a-t-il du sens de n’être qu’un rouage d’une machine économique infernale qui, comme un alambic produit des dollars concentrés dans les mains d’une minorité d’humains au détriment de tout le reste ?
L’école a donc un rôle majeur, celui d’ouvrir les jeunes sur le vivant. Alors ils seront mieux armés pour comprendre qu’il nous faut en finir avec nos attitudes pillardes et prédatrices, en finir avec notre boulimie de biens.

Olivier Van Caemerbèke
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(1) Le stère est une unité de mesure -ou un dispositif- que l'on emploie pour mesurer le bois. Le bois dont nous nous chauffons, par exemple...

(2) Cf. DOE (journal officiel de la Junta d'Extremadura) nº 129, du 6 juillet 2016, page 18209 :
(...) para conseguir un conocimiento integral, con el currículo de esta asignatura [Literatura Universal] se pretende completar las habilidades cognitivas con la adquisición de otras competencias transversales, como el pensamiento crítico, la gestión de la diversidad, la creatividad o la capacidad de comunicar, y las actitudes clave como la iniciativa, el trabajo en grupo, la confianza individual y el entusiasmo, y todo ello orientado al desarrollo y al afianzamiento del espíritu emprendedor, a la adquisición de competencias para la creación de empresas y al fomento del respeto al emprendedor y al empresario, poniendo en valor la ética empresarial.
Quant à la matière Première Langue Étrangère, voici son vrai sens ou but (page 17619 du même DOE) :
La articulación clara y convincente de pensamientos e ideas y la capacidad de asumir riesgos, junto con la gestión adecuada de la interacción y el estímulo que supone comunicarse en otras lenguas para enfrentar nuevos retos o resolver problemas en escenarios complejos, son fundamentales en el desarrollo del espíritu emprendedor.
Ce n'est qu'ainsi que ces disciplines pourraient s'avérer des outils au service du credo libéral et de ses exigences en matraquage. Ces disciplines ? Plutôt toutes, car dans toutes las matières, il est obligatoire de lier les critères d'évaluation dits “standards d'apprentissage évaluables” aux dites “Compétences Clé”, dont “sens de l'initiative et esprit entrepreneurial”. Ou "esprit d'entreprise", pour employer une expression plus fréquente et, peut-être, plus claire...
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MISE À JOUR du 20.01.2017 :

Le Monde s'inquiète du rapport au temps de tout un chacun et, une fois par semaine, invite des gens variés à s'exprimer sur le sujet. Dans ce cadre, le quotidien parisien publie aujourd'hui un entretien avec Pierre Rabhi auquel vous pouvez accéder en cliquant ici. Rabhi se demande, entre autres,...

 « Sommes-nous capables de sortir du système esclavagiste qui nous est imposé ? »

Disons que je ne tiendrais pas le coup si je n’étais pas engagé dans des enjeux gravissimes (la faim dans le monde, la destruction de l’environnement, etc.). L’humanité est folle et la planète est entre des mains inconscientes… Comme l’a prouvé le scientifique Pierre Teilhard de Chardin dans Le Phénomène humain, notre présence sur terre est fort récente et seule l’humanité a su introduire de la dualité dans la réalité terrestre… Tout cela pour des raisons imbéciles, spécieuses, et de surcroît avec des déséquilibres profonds, notamment entre masculin et féminin !
(...)
Depuis l’origine de l’humanité, le temps est indexé sur le temps cosmique (les saisons, le rythme du vivant), raison pour laquelle je peux renoncer à beaucoup de choses, sauf à mon jardin, qui me reconnecte à cette temporalité. J’ai aussi appris à m’écouter : revenir à son corps et à sa respiration permet de garder la vraie cadence de la vie.
Le tout consiste à échapper à la frénésie dans laquelle notre société est entrée : quand la logique de profit accélère le temps pour des finalités stupides, la société ne crée plus de joie et l’on recourt aux anxiolytiques pour atténuer notre mal-être. Cette frénésie est presque une épidémie généralisée… On est tombé dans cette anomalie pour gagner du temps, mais cette normalité nous piège maintenant.
(...)
Il y a un moment où chacun de nous est ramené à l’espace de liberté où l’on peut exercer sa spontanéité, sa liberté… C’est pour cette raison que nous avons créé le mouvement Colibris (association fondée en 2007 qui mobilise « pour la construction d’une société écologique et humaine »).

Le 13 octobre 2016 est paru son dernier ouvrage, La Convergence des consciences (Éd. Le Passeur) :
Au fil des mots de sa vie, Pierre Rabhi nous éclaire sur les racines de son insurrection contre la modernité sans âme, sur son appel à "prendre conscience de notre inconscience" écologique et sur sa conviction qu'il ne peut y avoir de changement de société sans changement humain ni convergence des consciences.
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Misè à jour en novembre 2019 :

À propos de la polémique surgie entre Pierre Rhabi et Jean-Baptiste Malet, voici les textes publiés par Le Monde diplomatique :

Jean-Baptiste Malet : Le système Pierre Rhabi, Le Monde diplomatique, août 2018, pages 1, 22 et 23.
Droit de réponse de Pierre Rhabi, Le Monde diplomatique, novembre 2018.
Jean-Baptiste Malet : Retour sur le "Système Pierre Rhabi", Le Monde diplomatique, novembre 2018.

jeudi 13 octobre 2016

140 grands titres de la littérature disponibles en ligne

Le site NousVousIls, le e-mag de l'éducation proposant des ressources pédagogiques, vient de mettre en ligne 140 grands titres de la littérature. Ce sont des e-books (versions .PDF et .epub) classés alphabétiquement par titre de livre que l'on peut télécharger gratuitement. Le site précise pour quelles classes ils sont recommandés.
Parmi les auteurs représentés, on repère Zola, Huysmans, Racine, Apollinaire, Maupassant, Flaubert, Hugo...

jeudi 6 octobre 2016

Wajdi Mouawad revient à Madrid

Ce n'est pas la première fois que je vous parle de lui. Wajdi Mouawad est un homme total de théâtre extrême ; d'un côté, il se mêle de toutes les sauces de la scène, de ses sources et prolongations, du texte ou de la réalisation. De l'autre, auteur, metteur en scène, comédien, directeur artistique, plasticien, voire cinéaste, il pousse sa recherche loin, bien loin, comme un bohémien parcourant tous les recoins de la nature humaine. Loin à tout casser. C'est pour cela que ses pièces et ses montages vous saisissent aux tripes et vous cassent : on est contraint de se reconstituer après coup, tellement sa plongée sans limites dans la tragédie —disons à la grecque— vous secoue, vous serre et vous sèche la gorge... La gorge sèche après Incendies : fatal, inéluctable. Inoubliable.

Disons pour commencer que ces jours-ci, on dispose à Madrid d'une adaptation Mario Gas-Nuria Espert d'Incendies, cette création incontournable, au Teatro de la Abadía :
Du 14 septembre au 30 octobre, 2016
Et puis du 21 juin au 16 juillet, 2017, dans la Salle Juan de la Cruz du théâtre.
Teatro Abadía - Incendios
Incendios (Wajdi Mouawad)
Mise en scène: Mario Gas
Production d'Ysarca et du Teatro de La Abadía en collaboration avec le Teatro del Invernadero
Et puis, Mouawad revient personnellement se produire au Teatro Valle-Inclán (Lavapiés) qui est le siège du Centro Dramático Nacional. Il y sera quatre jours, du 28 au 30 octobre, pour présenter un diptyque...
Des mourants: Inflamation du verbe vivre / Les larmes D’Œdipe (Una mirada al mundo) -
Esperado regreso a los escenarios españoles de uno de los más importantes dramaturgos de este inicio de siglo, Wajdi Mouawad, recién nombrado director artístico del Théâtre de la Colline de París. Mouawad incide en este Díptico en una de sus habituales fuentes como autor y director de escena: la Grecia clásica y en concreto una figura esencial para él: Sófocles de la mano de los dos héroes trágicos Filóctetes y Edipo.
Dos piezas independientes que pueden ser vistas por separado o como un díptico en las que los temas recurrentes de este dramaturgo están presentes con gran intensidad. Un gran homenaje a los valores de la Grecia clásica y a la valentía y sufrimiento de los griegos contemporáneos. 28 al 30 de octubre de 2016
Teatro Valle-Inclán
Horario: viernes y sábado a las 20:30 horas y domingo a las 18:00 y 21:00 horas
País: Canadá y Francia
Idioma: Francés con sobretítulos en castellano (Source: CDN)
Inflammation du verbe vivre est basée sur Philoctète de Sophocle et jouée par Wajdi Mouawad. Cette pièce constitue le deuxième volet de sa trilogie Le Dernier Jour de sa vie.

Les larmes D’Œdipe est basée sur Œdipe à Colone, de Sophocle, et jouée par Jérôme Billy, Charlotte Farcet, Patrick Le Mauff.

Au crépuscule de sa vie, Œdipe accompagné de sa fille Antigone retourne à Athènes. Sa rencontre avec un Coryphée dans un théâtre antique lui apprend que la Cité est en colère : au cœur de la crise financière, elle pleure l’assassinat par la police d’un jeune garçon pendant une manifestation. Cet oratorio poétique à trois voix fait résonner les mythes fondateurs et le monde d’aujourd’hui avec le théâtre de Sophocle, dont Wajdi Mouawad conclut ici le cycle qu’il a consacré à ses sept tragédies.
(Synopsis fournie par le Théâtre de la Colline)

mardi 4 octobre 2016

El Abrigo de Thomas Mann

Candide, le héros —ou antihéros— d'un conte de Voltaire, est l'éponyme de ce blog. Au milieu d'un monde de guerres, violences, injustices et désastres, il vivait pur, naïf, ingénu, dans le château du Baron de Thunder-ten-tronckh...
Son prénom est devenu par la suite un adjectif qualifiant les gens qui ont de la candeur, terme qui provient, soit dit en passant, du latin candor (blancheur).

Pour la petite histoire, quand je rencontrai mon ami Golo Mann, en 1982, je n'avais pas encore lu ce conte voltairien. Étonné, il me le conseilla, comme il me recommanderait tant d'autres lectures : Les grands cimetières sous la lune (Bernanos), Klein Zaches, genannt Zinnober (E.T.A. Hoffmann), Lokis (Mérimée), Clochemerle (Chevallier)...

Un jour, il me fit cadeau du bel exemplaire illustré, publié par la librairie parisienne Gründ dans les années 30 du XXe siècle, qu'il m'avait prêté. Cette édition présente une reliure en simili cuir avec dorures et plats en carton marbré. Outre Candide, le volume inclut Micromégas et Jeannot et Colin. J'en fus touché et, dédaigneux des dedicaces que j'étais, lui priai de m'en écrire une. Il prit l'un des crayons gras qu'il aimait et griffonna presque automatiquement :
Für Alberto, einmal im Jahr zu lesen, von seinem Freund. Golo Mann
C'était donc une dédicace-conseil : Candide était un ouvrage à lire une fois par an —dont je ferais bon nombre de lectures, y compris avec certains groupes d'élèves.

C'est du chapitre premier de ce bouquin que je tirai l'image illustrant ce blog (voir en bas de cette toile) : Candide, surpris avec Cunégonde derrière un paravent, en passe d'être expulsé du paradis de Thunder-ten-tronckh. Car un jour, Cunégonde, la fille du baron,...
... rencontra Candide en revenant au château, et rougit : Candide rougit aussi. Elle lui dit bonjour d'une voix entrecoupée ; et Candide lui parla sans savoir ce qu'il disait. Le lendemain, après le dîner, comme on sortait de table, Cunégonde et Candide se trouvèrent derrière un paravent ; Cunégonde laissa tomber son mouchoir, Candide le ramassa, elle lui prit innocemment la main, le jeune homme baisa inocemment la main de la jeune demoiselle avec une vivacité, une sensibilité, une grâce toute particulière ; leurs bouches se rencontrèrent, leurs yeux s'enflammèrent, leurs genoux tremblèrent, leurs mains s'égarèrent. M. le baron de Thunder-ten-tronckh passa auprès du paravent, et, voyant cette cause et cet effet, chassa Candide du château à grands coups de pied dans le derrière (...).
Le titre de ce blog est donc un hommage à Golo et à notre amitié. Tout comme El Abrigo de Thomas Mann (Reino de Cordelia, 2016), l'ouvrage que mon frère Juan Luis Conde a consacré à notre commun ami, notre liaison et notre époque (ce meilleur des mondes possibles), et que nous allons présenter, sous les auspices de Charo Ruano et en la très bonne compagnie de Pollux Hernúñez, le vendredi 7, à 20h, à la Casa de las Conchas de Salamanca.

Viernes, 7 de octubre
20:00h       PRESENTACIÓN DE LIBRO

El abrigo de Thomas Mann: Golo Mann y sus amigos. En junio de 1982, Juan Luis Conde viajó a Zurich  y de forma fortuita conoce al profesor Golo Mann. De esa relación entre Golo Mann y su joven amigo español surge este relato que recorre la crucial década de los 80 y en el cual el autor rinde homenaje a una amistad nada convencional ofreciendo al mismo tiempo un testimonio crítico del posfranquismo.

ARTICLES PUBLIÉS AU SUJET D'EL ABRIGO DE THOMAS MANN :

 Joaquín Rábago: Golo Mann. Retrato de una amistad, Ahora.
Ricardo Martínez Llorca: Todas las células del cuerpo, Revista de Letras.
Alfonso V. Sell: El abrigo que llevo es de un premio Nobel, La Opinión de Málaga.
Ignacio Francia: Dos libros salmantinos, La Crónica de Salamanca.

samedi 1 octobre 2016

92% de la population mondiale vit dans des lieux trop pollués

Le 27 septembre, un rapport publié par l'OMS nous a confirmé que 92 % des terriens vivent dans des lieux où les niveaux de qualité de l’air à respirer ne respectent pas les limites de pollution fixées par cette organisation. Une course effrénée vers la destruction de la planète qui a des effets durs pour la santé, voire létaux : « En 2012, selon les estimations, 6,5 millions de décès (soit 11,6% des décès dans le monde) étaient associés à la pollution de l’air extérieur et à la pollution de l’air intérieur », précise cette étude. Il y a trois semaines, le 8 septembre, le quotidien Le Monde renseignait à ce propos :
La pollution atmosphérique est responsable d’un décès sur dix dans le monde, six fois plus que le paludisme. Un fléau sanitaire qui entraîne un colossal manque à gagner pour l’économie mondiale : 225 milliards de dollars (199 milliards d’euros) de pertes de revenus par an. En publiant, jeudi 8 septembre, une évaluation du fardeau financier que fait peser la mauvaise qualité de l’air, la Banque mondiale cherche à susciter un sursaut.
La pollution de l’air extérieur, notamment due aux particules fines, a tué 2,9 millions de personnes en 2013, selon les derniers chiffres publiés, jeudi, par l’institution internationale, en collaboration avec l’Institute for Health Metrics and Evaluation (IHME). Si l’on y ajoute les effets de la pollution dans les foyers – notamment ceux de l’utilisation de combustibles solides pour se chauffer et cuisiner –, le nombre de morts s’élève à 5,5 millions. Au final, la pollution est le quatrième facteur de décès prématuré dans le monde, et 87% de la population sur la planète est plus ou moins exposée aux pathologies qu’elle entraîne (maladies cardiovasculaires, cancers des poumons, maladies pulmonaires chroniques, infections respiratoires).
Ce même journal avait déjà publié en juin ce qui suit :
Sans politiques et mesures rigoureuses, la pollution atmosphérique pourrait chaque année entraîner d’ici à 2060 le décès prématuré de 6 à 9 millions de personnes… et coûter 2 600 milliards de dollars (2 280 milliards d’euros). Ces chiffres faramineux sont issus d’une étude de l’Organisation de coopération et de développement économiques (OCDE) sur « Les Conséquences économique de la pollution de l’air extérieur », publiée jeudi 9 juin.
Quant au rapport précité de l'OMS, voici le début de son communiqué de presse et, un peu plus bas, quelques liens pour en savoir plus.

L’OMS publie les estimations nationales de l’exposition à la pollution de l’air et les effets sur la santé

De nouvelles cartes interactives mettent en évidence les zones au sein des pays qui ne respectent pas les limites fixées par l’OMS en matière de qualité de l’air

Communiqué de presse
Un nouveau modèle de qualité de l’air mis au point par l’Organisation mondiale de la Santé (OMS) confirme que 92% de la population mondiale vit dans des lieux où les niveaux de qualité de l’air ne respectent pas les limites fixées par l’OMS1. Les informations sont présentées sur des cartes interactives et mettent en évidence les zones spécifiques au sein des pays ne respectant pas les limites établies par l’OMS.
«Le nouveau modèle de l’OMS montre les pays dans lesquels on retrouve des zones à risque en matière de pollution de l’air et sert de base pour le suivi des progrès réalisés dans la lutte contre ce phénomène», indique le Dr Flavia Bustreo, Sous-Directeur général à l’OMS.
Il représente également les données sanitaires relatives à la pollution de l’air extérieur (ambiant) les plus détaillées jamais fournies par l’OMS. Ce modèle s’appuie sur des données provenant de mesures prises par satellite, des modèles de transport aérien et des moniteurs de stations au sol pour plus de 3000 lieux, en milieu rural ou urbain. Il a été élaboré par l’OMS, en collaboration avec l’Université de Bath au Royaume-Uni.

Impact de la pollution de l’air sur la santé humaine

Quelque 3 millions de décès par an sont liés à l’exposition à la pollution de l’air extérieur. La pollution de l’air intérieur peut s’avérer tout aussi mortelle. En 2012, selon les estimations, 6,5 millions de décès (soit 11,6% des décès dans le monde) étaient associés à la pollution de l’air extérieur et à la pollution de l’air intérieur.
Près de 90% des décès liés à la pollution de l’air surviennent dans les pays à revenu faible ou intermédiaire, et près de 2 décès sur 3 surviennent dans les Régions OMS de l’Asie du Sud-Est et du Pacifique occidental.
Les maladies non transmissibles sont à l’origine de 94% des décès, notamment les maladies cardiovasculaires, les accidents vasculaires cérébraux, la broncho-pneumopathie chronique obstructive et le cancer du poumon. La pollution de l’air augmente également le risque d’infection respiratoire aiguë.
«La pollution de l’air continue de peser lourdement sur la santé des populations les plus vulnérables, à savoir les femmes, les enfants et les personnes âgées», déclare le Dr Bustreo. «Pour être en bonne santé, il faut respirer un air pur, du premier au dernier souffle» ajoute-t-elle.
On compte parmi les principales sources de pollution de l’air, les modes de transport inefficaces, les combustibles ménagers, la combustion des déchets, les centrales électriques alimentées au charbon et les activités industrielles. Toutefois, l’activité humaine ne constitue pas la seule source de pollution de l’air. Par exemple, les tempêtes de sable, en particulier dans les régions situées à proximité d’un désert, peuvent avoir une influence sur la qualité de l’air.

Des estimations encore plus sûres

Le modèle a soigneusement calibré les données provenant de stations au sol et de satellites en vue de maximiser la fiabilité. L’exposition à la pollution de l’air dans les pays a été analysée par rapport à la population et aux niveaux de pollution de l’air, à une résolution de grille d’environ 10 km sur 10 km.
«Ce nouveau modèle constitue une étape majeure en ce qui concerne la production d’estimations encore plus sûres sur la charge mondiale considérable de plus de 6 millions de décès – 1 décès sur 9 dans le monde – dus à l’exposition à la pollution de l’air intérieur et à la pollution de l’air extérieur», déclare le Dr Maria Neira, Directrice, Département Santé publique, déterminants sociaux et environnementaux de la santé, OMS. «De plus en plus de villes surveillent désormais la pollution de l’air, les données satellites sont plus complètes et des progrès sont accomplis dans la précision des estimations sanitaires correspondantes», ajoute le Dr Neira.

Cartes interactives

Les cartes interactives fournissent des informations sur l’exposition, par pondération en fonction de la population, aux matières particulaires d’un diamètre aérodynamique inférieur à 2,5 micromètres (PM2,5) pour tous les pays. La carte indique également les données émanant des stations de surveillance pour les mesures des PM10 et PM2,5 dans environ 3000 villes.
«Une action rapide pour faire face à la pollution atmosphérique est nécessaire d’urgence», ajoute le Dr Neira. «Il existe des solutions, notamment des systèmes de transports plus viables, la gestion des déchets solides, l’utilisation de poêles et de combustibles propres pour les ménages ainsi que les énergies renouvelables et la réduction des émissions industrielles», souligne-t-elle.

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D'autres liens, proposés par l'Organisation mondiale de la Santé, pour en savoir plus :

Enfin,
Côté thermomètre, la National Oceanic and Atmospheric Administration américaine vient d’annoncer que le mois d’août avait été, en moyenne mondiale, le plus chaud jamais observé depuis le début des relevés en 1880. Pour ne rien arranger, il est aussi le seizième mois consécutif à battre son record de température – une telle séquence n’a jamais été enregistrée en 137 ans de mesures.
(Source : Le Monde, le 27 septembre 2016)
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Mise à jour du 27/10/2016 :

Plus de la moitié des animaux sauvages ont disparu en quarante ans

La pression exercée par l’humanité sur les écosystèmes est telle qu’il nous faut chaque année l’équivalent de 1,6 planète Terre pour satisfaire nos besoins, selon le WWF.
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