mardi 4 mars 2014

Fourbes 2014

The ranks* of the world’s billionaires continue to scale new heights–and stretch to new corners of the world. Our global wealth team found 1,645 billionaires with an aggregate net worth of $6.4 trillion, up from $5.4 trillion a year ago. We unearthed a record 268 new ten-figure fortunes, including 42 new women billionaires, another record. In total, there are 172 women on the list, more than ever before and up from 138 last year.
Kerry A. Dolan and Luisa Kroll
Forbes

« car c’est une maxime de droit public que les vainqueurs doivent faire bonne chère aux dépens des vaincus… » (Jean Anthelme Brillat-Savarin : Physiologie du goût, Méditation XVI, De la digestion, 1826)


Voilà : le catalogue Forbes des nababs planétaires continue à atteindre de nouveaux sommets ; il nous apprend que les grands profiteurs de la guerre économique mondiale ont raflé cet exercice environ 1 000 000 000 000 dollars de plus que l'année précédente, une hausse de presque 20%. Fort bien. Figurez-vous les effets en aval de ce pompage dont le pourcentage de majoration annuel comporte deux "figures"... Si les dynamiques microéconomiques semblent bien réversibles, la « flèche du Capital » (l'argent avec majuscule) avance sans fléchir dans la même direction, pour la Finance et contre le Commun. Et pour cause ! L’argent a toujours appelé l’argent et de nos jours, plus que jamais, le Capital est la main très visible du marché.

La liste Forbes 2014 comprend 1 645 prédateurs milliardaires en dollars —dont 172 nanties— contre 1 426 en 2013 ; c'est-à-dire, 219 de plus au total. 268 font partie de la troupe pour la première fois, dont 42 femmes.
Les locataires de la Basse-Terre Gaste souhaitant contempler les « pousses vertes de la reprise » (resic) n'ont donc qu'à lire l'inventaire des sommets fo(u)rbiens.
Comme il serait pertinent d'en faire une analyse semblable à celle de l'exercice précédent, à l'évolution du verdissage —ou de la verditude— près, je vous laisse la possibilité de la (re)lire ici.

Je reproduis, en prime, un extrait de la Conclusion de La violence des riches. Chronique d'une immense casse sociale (Éd. La Découverte, Paris 2013), ouvrage de Michel Pinçon et Monique Pinçon-Charlot qui tente de démonter « les mécanismes de la violence des riches à l'heure de "leur" mondialisation » et de « dévoiler leur arbitraire, leurs subterfuges économiques, politiques et idéologiques » afin de nous « alerter sur la force et la détermination d'une classe sociale mobilisée pour la défense de ses intérêts, quitte à mettre en péril les autres classes, voire la planète elle-même. » Essai qui, de surcroît, nous prévient contre la servilité des grands média envers cette ploutocratie en place qui n'arrête pas de fourbir ses armes...
On lit à longueur d'éditoriaux des dénonciations des dérives du « populisme ». Que ne déploie-t-on pas la même énergie à épingler son double, bien plus actif et bien plus installé : le « bourgeoisisme » du Figaro, le « richissisme » des chroniqueurs de la Bourse ou l'« oligarchisme » du Who's Who ? Avec le luxe, l'élégance, les journaux people, les exhibitions caritatives et les expositions d'œuvres d'art, les riches se construisent dans une mascarade sociale en bienfaiteurs de l'humanité qu'il convient de flatter alors qu'ils n'ont bien souvent que le mérite de leur naissance. Le néologisme « bourgeoisisme » est adapté à la guerre idéologique qui ne cesse de dénoncer avec le populisme un peuple qui serait flatté par certains politiciens, alors qu'il ne mériterait pas tant d'honneurs. Mais que dire des flagorneries dithyrambiques qui encensent les riches, dont on se garde bien de dévoiler l'origine de la fortune ?
L'argent occupant désormais le devant de la scène, il est compréhensible que les sociologues spécialistes de la classe dominante utilisent le terme « riches » dans une sorte de renvoi d'ascenseur remettant à leur place ceux qui, en dernière analyse, doivent l'essentiel de leur position au travail des autres. La réflexion sur les mots est indispensable pour contrer la guerre idéologique qui fait rage au détriment des peuples. Notre « démocratie » est tenue et contrôlée par une aristocratie de l'argent. Par des bourgeois et des nobles, maintenant réconciliés, qui pratiquent un bourgeoisisme systématique. Ils se persuadent mutuellement de leurs immenses qualités, ne cessent de mettre en évidence leur excellente éducation, se montrent même courtois envers le personnel. Ils se congratulent et se félicitent mutuellement d'être comme ils sont.
Une nouvelle aristocratie s'est constituée à partir de l'emballement de la finance. Les titres de noblesse assuraient autrefois la continuité de la caste. Aujourd'hui, les fortunes visibles et les magots mis à l'abri dans les paradis fiscaux assurent la succession au sommet des générations dynastiques. Cette noblesse oligarchique a pris le contrôle de l'essentiel des forces politiques, à gauche comme à droite. La pensée unique triomphe, au-delà des coquetteries, pour amuser la galerie et justifier la coexistence de partis d'accord sur l'essentiel : le marché, la libre circulation des capitaux, le moins d'État, le chacun-pour-soi. Le tableau est incroyablement archaïque, renvoyant au régime des ordres, voire des castes. Le Tiers État comprenait la bourgeoisie naissante. Aujourd'hui, c'est aux intouchables que les plus démunis font penser. Pourtant, la machine infernale du néolibéralisme connaît les premiers soubresauts de la panne fatale. Les crises se succèdent, le chômage augmente, le bateau pris dans la tempête voit ses structures gémir sous les coups des scandales, de la mise au grand jour de la malhonnêteté intrinsèque de la pompe à profits du capitalisme.

* L'expression anglaise "rank ranking" peut se traduire en français par "classement nauséabond"
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Mise à jour du 18.03.2014 :
Voici un extrait d'une info publiée par Le Monde d'aujourd'hui au sujet d'un rapport dressé lundi par Oxfam (Five richest UK families have more than 12 million poorest Brits Wealthy elite’s income growing four times faster than others. Posted by Jonaid Jilani, Press Officer, 17th Mar 2014) suite au dernier classement Forbes commenté ci-dessus :

En Grande-Bretagne, cinq familles possèdent plus que 12 millions de personnes

Le Monde.fr | • Mis à jour le
Dans un rapport publié le lundi 17 mars, l'ONG Oxfam montre du doigt les inégalités croissantes qui frappent la société britannique, avec un constat particulièrement marquant : les cinq familles britanniques les plus fortunées possèdent aujourd'hui davantage que les 20 % les plus pauvres de leurs compatriotes, soit 12,6 millions de personnes.
En s'appuyant sur le dernier classement du magazine Forbes des individus les plus riches au monde publié début mars, Oxfam a estimé la totalité du capital détenu par ces cinq familles à 28,2 milliards de livres (33,7 milliards d'euros). A l'inverse, les 20 % les plus modestes cumulent 28,1 milliards de livres (33,6 milliards d'euros), soit 2 667 euros chacun.
Au sommet du classement, la famille du duc de Westminster, Gerald Grosvenor, qui possède 77 hectares de terrain à Londres, 39 000 en Ecosse, 13 000 en Espagne et dirige un vaste groupe immobilier, serait à la tête d'une fortune plus importante que celle des 10 % les plus pauvres du pays. (...)
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Mise à jour du 18.09.2014 :

The Wealth-X and UBS Billionaire Census 2014 shows that the global billionaire population reached an all-time record high of 2,325 billionaires in 2014 with a combined net worth of US$7.3 trillion.
C'est-à-dire, selon le rapport 2014 Wealth-X and UBS World Ultra Wealth (cabinet de recherches Wealth-X et banque suisse UBS), le nombre de milliardaires dans le monde (soit les personnes dont la fortune personnelle dépasse le milliard de dollars) est arrivé à 2 325. C'est un nouveau record, avec 155 nouveaux entrants comptabilisés cette année dans le Gotha du Capitalisme mondial.
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Mise à jour du 26.03.2015 :

The 2015 Forbes Billionaires List:

Despite plunging oil prices and a weakened euro, the ranks of the world’s wealthiest defied global economic turmoil and expanded yet again. For our 29th annual guide to the globe’s richest, we found a record 1,826 billionaires with an aggregate net worth of $7.05 trillion, up from $6.4 trillion a year ago.

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Mise à jour du 28.08.2018 :

The 2018 Forbes Billionaires List (au cas où voudriez... Meet The Members Of The Three-Comma Club) :

(...) Forbes has pinned down a record 2,208 billionaires from 72 countries and territories including the first ever from Hungary and Zimbabwe. This elite group is worth $9.1 trillion, up 18% since last year. Their average net worth is a record $4.1 billion. Americans lead the way with a record 585 billionaires, followed by mainland China with 373. Centi-billionaire Jeff Bezos secures the list’s top spot for the first time, becoming the only person to appear in the Forbes ranks with a 12-figure fortune. Bezos’s fortune leapt more than $39 billion, the list’s biggest one-year gain ever. He moves ahead of Bill Gates, who is now number 2. It is the biggest gap between no. 1 and 2 since 2001. Bernard Arnault, with a fortune of $72 billion, reclaims the title of richest European for the first time since 2012. (...) 

Ce Three-Comma Club a réussi une croissance pas en berne d'environ 50% en 4 ans. Comprenez-vous pourquoi il faut se serrer la ceinture ?

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