jeudi 10 octobre 2013

L'eau, ressource vitale, sur France TV Éducation

Sous l'épigraphe "L'eau, une ressource vitale à protéger et à partager", France TV Éducation propose un triple jeu interactif (ils emploient l'anglicisme "serious game") pour mieux connaître la réalité et les bons usages de l'eau, gros enjeu planétaire. Les trois rubriques de la page correspondent à trois problématiques au sujet de l'eau ; en voici leur explication :


FranceTvEducation
Ce module propose trois jeux de mise en situations fictives, présentant des problématiques liées à l'eau à différentes échelles : la pollution de l'eau et ses conséquences, à l'échelle d'un village, l'accès à l'eau potable et à l'assainissement, à l'échelle d'un pays et le partage de l'eau, à l'échelle mondiale. Aussi, une banque de ressources, présentant des données mondiales relatives à la géopolitique de l'eau.
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P.-S. du 14 novembre 2013 :
L'eau, ressource vitale à protéger et à partager, est donc un bien hautement et autrement stratégique, susceptible d'acquérir une valeur marchande époustouflante dans la foire à vautours globalisée. Il n'est pas surprenant que les plus prédateurs, comme Nestlé, lancent sans vergogne leurs ballons-sondes sur la mare aux média (cliquez ci-contre pour accéder à deux vidéos fort intéressantes) ; vous pensez que l'eau est et doit rester un bien public ? Eh bien, selon Peter Brabeck -PDG de Nestlé sachant joindre le geste à la parole- vous êtes un "extrêmiste" :

Selon le PDG de Nestlé, Peter Brabeck, l’accès à l’eau ne devrait pas être un droit. Peter Brabeck pense que l’eau est une « denrée comme les autres, qu’elle a une valeur marchande et qu’il faut la privatiser ». Pour le PDG de Nestlé, l’eau doit valoir un coût, car il estime que l’eau est extrêmement précieuse et trop gaspillée. Pour une politique durable, celle-ci doit être revalorisée, ce qui va forcément avec un prix au litre plus élevé.

De l’or bleu en bouteille ?
En 2012, Nestlé avait déjà été montrée du doigt par une enquête accablante (Bottle Life) d’Urs Schnell et de Res Gehriger, diffusé sur Arte, qui montrait comment la multinationale faisait main basse sur les ressources en eau pour les vendre au prix fort.
Nestlé et le business de l’eau en bouteille ou comment transformer de l’eau en or ? Une entreprise détient la recette : Nestlé, multinationale basée en Suisse, leader mondial de l’agroalimentaire, grâce notamment au commerce de l’eau en bouteille, dont elle possède plus de soixante dix marques partout dans le monde (Perrier, San Pellegrino, Vittel).
L’eau en bouteille, mais pour qui ?
En 2012, Arte diffusait un autre reportage sur l’eau en bouteille qui coute 100 fois plus que l’eau du robinet, ce marché n’a jamais été aussi fleurissant. Pourtant tout le monde ne peut pas se payer le luxe d’avoir de l’eau potable.

ARTE - Nestlé et le business de l'eau en bouteille
Une enquête édifiante sur trois continents qui montre comment la multinationale fait main basse sur les ressources en eau pour les vendre au prix fort.
Documentaire d’Urs Schnell et Res Gehriger (Allemagne/Suisse, 2012, 1h30mn)
Coproduction : ARTE, DokLab, Eikon, Südwest, SF

Comment transformer de l’eau en or ? Une entreprise détient la recette : Nestlé, multinationale basée en Suisse, leader mondial de l’agroalimentaire, grâce notamment au commerce de l’eau en bouteille, dont elle possède plus de soixante-dix marques partout dans le monde (Perrier, San Pellegrino, Vittel ou Poland Spring aux États-Unis).
Pour le président du CA, Peter Brabeck, l’eau, fer de lance d’une stratégie planétaire, peut "garantir encore cent quarante ans de vie" à l’entreprise. Malgré le refus de collaborer opposé par la direction, Res Gehriger et Urs Schnell dévoilent les coulisses de ce marché qui brasse des milliards. Des États-Unis au Nigeria en passant par le Pakistan, ils explorent les circuits de l’eau en bouteille, mettant en lumière les méthodes parfois expéditives du plus puissant groupe agroalimentaire de la planète.
Ils montrent qu’elles reposent sur une question cruciale, objet dans nombre de pays d’un vide juridique dont les avocats et lobbyistes de la firme savent tirer profit : à qui appartient l’eau ?
Bien public, gains privés
Dans le sillage de Res Gehriger, présent à l’écran, cette enquête minutieuse aux images soignées donne la parole à de très nombreux protagonistes sur trois continents, usagers ou militants, adversaires et partisans de Nestlé. Peter Brabeck lui même y défend avec vigueur son point de vue (éloquent, comme quand il qualifie d’“extrémiste” l’idée que l’eau doit rester un bien public), par le biais de ses nombreuses interventions publiques.
Edité le : 22-08-12
Dernière mise à jour le : 11-09-12




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Mise à jour du 27 mai 2018 :

Selon France Nature Environnement, Nestlé Waters est en train d'assécher les nappes de Vittel "sur fond de conflit d’intérêt". Où quand on vous dit chez vous allez boire ailleurs !
À l'occasion de la Journée mondiale de l'eau du 22 mars, ils ont publié là-dessus un communiqué (le 20 mars, en fait). Il dit, pour l'essentiel  :
(...) Aujourd’hui, lorsque nous ouvrons les robinets, de l’eau de bonne qualité prélevée à proximité de nos habitations s’en écoule. Mais bientôt plus à Vittel. Non, à Vittel, l’eau qui s’écoulera des robinets sera acheminée par pipeline sur des dizaines de kilomètres. France Nature Environnement tire la sonnette d’alarme : le géant international Nestlé Waters s’est approprié la ressource locale pour commercialiser de l’eau en bouteille, exportée en Allemagne. Au risque d’épuiser la nappe et au détriment des populations locales.

Epuiser une nappe phréatique pour vendre de l’eau en bouteille : scandale social et environnemental

Nestlé Waters, propriétaire de 10 marques d’eau en bouteille en France et en Belgique, surexploite sans vergogne une nappe d’eau souterraine au détriment des populations locales en France, à Vittel. Depuis près de 30 ans, la nappe dans laquelle prélève la multinationale présente un déficit chronique annuel d’environ 1 million de m3… Soit la quantité d’eau que Nestlé Waters est autorisé à prélever, par le Préfet. Et le niveau de la nappe a déjà baissé de 10 mètres. Il sera bien entendu très difficile de faire remonter le niveau de cette eau souterraine, compte-tenu des conditions géologiques locales, mais surtout de la non-volonté des pouvoirs publics de poser des limites à Nestlé Waters.
Au-delà de l’épuisement de la ressource en eau, en totale contradiction avec l’image que souhaite se donner Nestlé Waters, la manière de faire est également choquante d’un point de vue social. En lien avec les services de l’Etat, la stratégie imaginée pour approvisionner en eau potable les populations locales de Vittel n’est autre qu’un transfert massif d’eau sur des dizaines de kilomètres de pipeline, pour un coût de 20 à 30 millions d’euros sur 20 ans. Ainsi, Nestlé pourra continuer son exploitation, pendant que les habitants de Vittel se verront répercuter le prix des travaux sur leur facture d’eau. Aller puiser l’eau chez les voisins avec des risques d’impacts environnementaux encore mal évalués, et ce dans un contexte de changement climatique qui affecte la ressource en eau, ne parait pas être une solution économiquement, socialement et écologiquement raisonnable.

L’eau souterraine de Vittel, bien public décrété propriété de Nestlé

C’est un réel monopole que s’octroie Nestlé sur une ressource en eau qui n’est censée appartenir à personne, si ce n’est aux populations locales pour subvenir à leurs besoins vitaux d’alimentation en eau potable. La loi sur l’eau de 2006 mentionne clairement que l’usage prioritaire d’une ressource en eau en France est l’alimentation en eau potable. Les activités économiques ne sont pas prioritaires, et l’eau est un bien commun, non privé ou privatisable. La reconnaissance implicite de la priorité de prélèvement à Nestlé Waters, contraignant les collectivités locales à « aller boire ailleurs », est inacceptable.
Mais Nestlé n’est pas seul responsable de la situation. Car pour avoir le droit d’épuiser la ressource en eau de Vittel, une entente avec certains acteurs locaux et services de l’Etat a dû avoir lieu. Une entente qui n’est d’ailleurs pas sans conflit d’intérêt, et qui reflète une relation bien trouble entre la multinationale et certains acteurs publics[1]

France Nature Environnement dénonce les pratiques environnementales de Nestlé Waters

Planter des arbres en Amazonie tout en asséchant les nappes d’eau en France est écologiquement irresponsable. Cela s’appelle « faire du greenwashing », se donner bonne conscience. Quatre associations locales (Vosges Nature Environnement, Oiseaux Nature, ASVPP[2], UFC Que Choisir 88) se battent depuis plus d’un an pour dénoncer ce choix dicté par le chantage économique. La fédération nationale soutient ouvertement et fermement cette dénonciation. Pour Michel Dubromel, président de France Nature Environnement, « il est impossible d’accepter qu’un géant mondial de l’eau en bouteille assèche une nappe d’eau et oblige les populations locales à s’approvisionner en eau potable ailleurs. La situation à Vittel est la preuve d’une non-gestion en responsabilité de la ressource en eau locale disponible, pourtant suffisamment abondante pour satisfaire les besoins du territoire à condition que chacun prenne en compte les besoins des uns et des autres. » (...)
Reporterre s'est aussi penché sur cette histoire le 26 mai 2018 :

À Vittel, Nestlé privatise la nappe phréatique

26 mai 2018  / Lorène Lavocat (Reporterre)
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