samedi 9 juin 2012

Le Chef de l'État et les éléphants

Gilbert Laffaille, ancien professeur de français au nom tectonique, avait cru pertinent de composer une fable chantable où il était question des probes proboscidiens d'une brousse et d'un président qui était allé y voir.
C'était 1977 et Laffaille évoquait forcément les réjouissances africaines du président Giscard d'Estaing, mais tout texte risque d'avoir plusieurs emplois surtout quand il ne présente pas de faille et qu'il ne trompe pas. Au bout du compte, il peut y avoir toujours d'autres clans d'Estaing contribuant à la disparition de sages vies venant du fond des âges tout en occupant la présidence d'honneur d'organisations écologistes internationales résolument indépendantes. Faut-il mettre un chef d'État dans tous ses états hors d'état de nuire ? Écoutons cette chansonnette innocente :

J'ai dit à mes enfants, / Mes bébés éléphants: / "Regardez l'homme blanc: / Ça, c'est un président. / C'est celui qui sourit / Et qui tient un fusil. / Il dirige un pays / Où y a pas d'éléphants." / - Qu'est-ce qu'y z'ont donc là-bas? / - Y z'ont pas d'éléphants / Mais y z'ont des moutons, / Des troupeaux de moutons / Et puis un président. / - Qu'est-ce qu'ils font, ces moutons? / - Ils ont jamais le temps. / - Et lui, qu'est-ce qu'il fait là? / - Il vient pour tuer le temps!
"Est-ce qu'il a des enfants, / Ce monsieur Président?", / M'ont d'mandé mes enfants / En langage éléphant. / "Oui, bien sûr, il en a, / Et quand il seront grands, / Ils iront à l'E.N.A., / Ils seront Présidents."
- Où est-ce que c'est l'E.N.A.? / - Où est-ce que c'est l'E.N.A.? / Est-ce que c'est loin d'ici? / Est-ce que c'est au Kenya? / - Mais non, c'est à Paris. / - Et Paris, où est-ce que c'est? / - C'est derrière la prairie. / Bon, maintenant, ça suffit: / Il commence à tirer!
Ils ont eu le vieux Paul / Qui pouvait plus courir, / Mauricette et Frédo / Qui se grattaient le dos. / Ils étaient sans défense. / Je dis pas ça pour rire: / C'aurait pu être pire, / On a eu de la chance!
- Qu'est-ce qu'y z'ont donc là-bas? / Nous on vit bien au chaud / Au fin fond de la brousse, / On s'pousse au bord de l'eau / Et là, on s'éclabousse, / On fait partir les mouches / Qui sont dans nos oreilles. / Après on prend des douches / A poil sous le soleil! / On n'est pas bien sauvages, / Juste un peu corpulents, / L'oeil tout rond, pas méchants. / Plutôt dans les nuages, / On voyage à pas lents, / C'est pour ça qu'on est sages. / On vient du fond des âges, / D'avant les Présidents!
- Où est-ce que c'est l'E.N.A.? 
Dans sa Théorie de la classe de loisir, Thorstein Veblen écrivit ces deux morceaux que je tire de mon édition castillane signée Carlos Mellizo (Alianza Editorial) :
« Cuando la comunidad pasa de un salvajismo pacífico a una fase depredadora de vida, las condiciones de emulación cambian. Las oportunidades e incentivos de emulación aumentan considerablemente en amplitud y urgencia. La actividad de los varones adopta cada vez más un carácter de proeza; y una comparación odiosa entre un cazador o guerrero y otro, va haciéndose más fácil y habitual. Evidencias tangibles de que algo constituye una proeza —los trofeos— encuentran un lugar en los hábitos mentales de los hombres como pieza esencial de los paraphernalia de la vida. El botín, los trofeos de caza o de guerra son apreciados como prueba de fuerza preeminente. La agresión se convierte en la forma acreditada de acción, y el botín sirve de evidencia prima facie de una agresión triunfal. » (page 43, opus cit.)

« Los deportistas —cazadores, pescadores— tienen en mayor medida el hábito de considerar el amor a la naturaleza, la necesidad de recreo y otras cosas semejantes como incentivos de su pasatiempo favorito. (...) Estas ostensibles necesidades podrían satisfacerse con más facilidad y de modo más completo sin el acompañamiento de un esfuerzo sistemático por quitar la vida a aquellas criaturas que constituyen una característica esencial de esa « naturaleza » amada por el deportista. Ciertamente, el efecto más perceptible de la actividad del deportista es mantener la naturaleza en un estado crónico de desolación, mediante el procedimiento de matar a todos los seres vivos cuya destrucción está a su alcance. » (page 259, opus cit.)
Sous le titre Un roi carabiné, le Canard Enchaîné a abordé en mai la dernière bévue pachydermique exemplaire, histoire de montrer comment les glandeurs à grandeur édifiante se serrent les coudes lorsque l'heure est grave. Cliquez sur le lien de l'article si sa lecture vous tente.
Moi, en matière cynégétique en général, je pense toujours à ce sketch des Inconnus, Les Chasseurs, dont la tautologie est à savourer :

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